Contacts et réseaux

Les deux langues enseignées aux élèves dès le XIXe siècle sont l’anglais et l’allemand. Dès lors qu’ils voyagent en dehors de la France, de l’Angleterre ou de l’Allemagne, des difficultés de communication peuvent donc surgir pour recueillir des informations auprès du personnel en charge de la mine ou de l’usine visitée. Pour la Scandinavie, les élèves sont parfois chanceux : une partie des mines locales sont dirigées par des compagnies étrangères, principalement anglaises, allemandes ou belges et les ingénieurs allemands sont nombreux à être responsables des installations minières ou industrielles.

Le témoignage de Jean Charles Galissard de Marignac rend compte de cette situation et de quelques déconvenues lors de sa visite de Kongsberg en 1839 :

ignorant complètement la langue norvégienne, il m’a été impossible de recourir aux ouvriers pour parcourir avec eux les travaux et me faire expliquer par eux-mêmes leur travail. J’ai été forcé de m’en tenir aux renseignements qu’a bien voulu me donner Mr Müller ingénieur chargé de la direction des travaux. Malheureusement, cet ingénieur paraissait fort occupé car pendant les 8 jours que j’ai passé à Kongsberg, il n’a pu m’accorder que bien peu d’instants. Encore était-il fort réservé sur les détails de son exploitation ; cependant les mines de Kongsberg appartenant au gouvernement, il semble au moins inutile de chercher à les envelopper d’un mystère qui pourrait faire supposer des motifs d’intérêt personnel chez les personnes chargées de l’administration de ces mines“. M 1839 (233)

Cette méfiance, de même que la barrière linguistique, n’est mise en avant que dans ce mémoire : les élèves font rarement part de leur difficultés personnelles.

Durant leur séjour, les élèves peuvent aussi s’appuyer sur un réseau de contacts établis au cours du temps par les enseignants de l’École mais aussi les promotions précédentes.
Richard Ackermann, professeur de métallurgie à l’École des mines de Stockholm, fondée en 1827, entre en relation avec plusieurs élèves qui arrivent en Suède. En 1883, Léon Janet le rencontre et obtient des lettres de recommandations qui lui ont sûrement servi pour se présenter aux ingénieurs et directeurs des établissements rencontrés pendant son voyage. Henri Roux de Bézieux le rencontre également la même année.

François Villain, quant à lui, remercie dans son mémoire de 1886 messieurs “Nordström, directeur des mines de Sala [Suède, ndlr] et M. Keiller, directeur des mines de Kafveltorp“. Il est aussi entré en contact avec M. Witt, directeur des établissements de Falun.

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